Pornographie : dangers sur la Toile

Contrairement aux adultes, les enfants sont vulnérables face à internet. Ils n’ont pas assez de recul pour mesurer les risques qui les guettent sur la toile, certains ne sont même pas conscients qu’ils puissent en exister. Décryptage.

Le rapport aux écrans a changé, tout comme le rapport à la pornographie. Cette grande disponibilité des images X, combinée à une facilité d’accès augmente de façon conséquente l’addiction des enfants à la pornographie. Souvent découvertes accidentellement, ces images représentent, selon les experts un “viol psychique”. Trop jeunes, les enfants ne disposent pas de filtres pour décoder ce qu’ils voient. La pornographie devient alors la base de leur éducation sexuelle. La violence des images des films X, l’absence de sensualité, la chosification de la femme, sa soumission, … autant de clichés que ces jeunes, à peine en construction, vont intégrer et voudront reproduire, que ce soit à court ou long terme. Les codes du X ont complètement changé les codes de séduction de ces générations.

Chiffres alarmants 

En France, plus de 50 % des garçons et des filles interrogés dans le cadre d’un sondage mené par IFOP auprès d’adolescents âgés de 15 à 17 ans en mars 2017, sont tombés sur des images X par hasard. Par ailleurs, la pornographie inspire la vie sexuelle de 58,6 % d’étudiants interrogés. On note également une croissance du nombre des adolescents qui regardent du porno. 63 % des garçons et 37 % des filles y ont recours, contre 53 % et 18 % en 2013.

Au Canada l’âge moyen de la première fois est de 13 ans pour les filles et 12 ans pour les garçons ; plus de la moitié (57 %) des jeunes ont vu les premières images pornographiques entre 8 ans et 13 ans, selon une enquête réalisée auprès d’étudiants universitaires par le sociologue Richard Poulin en 2009. Au Maroc, c’est quasiment la même tendance. Ce qui inquiète les spécialistes et associations thématiques. “On reçoit souvent des personnes souffrant de l’emprise de la pornographie et de son impact sur leur vie intime, sociale et professionnelle”, assure Aboubakr Harakat.

Si on ne dispose pas de chiffres concernant directement la pornographie, toutefois l’usage des smartphones et l’hyperconnectivité des enfants laissent entendre que ces derniers n’échappent pas au phénomène.

L’enquête 2017-2018 du Centre marocain de recherches polytechniques et d’innovation (CMRPI) atteste des risques liés à l’usage d’internet par les mineurs. Un sondage réalisé sur 490 enfants âgés de 10 à 12 ans met en avant la vulnérabilité des enfants sur le net. “Les jeunes n’hésitent pas à partager des données personnelles, à parler à des inconnus, voire répondre à des demandes de rencontres, à activer la caméra…”, rapporte le centre.

Dans plus d’un ménage sur deux les enfants de moins de 15 ans utilisent internet. 86% des individus âgés de plus de 5 ans, disposant d’un smartphone, l’utilisent pour accéder à Internet, selon l’ANRT.

Les données de l’étude mondiale de l’UNICEF démontrent un manque d’information des enfants marocains quant aux dangers des TIC. Seuls 15% des sondés savent qu’ils risquent d’être sexuellement exploités, maltraités ou piégés en ligne. 68% pensent que la cyber-violence ou les abus en ligne ne les concernent pas.

La responsabilité est collective : L’Etat, les parents et l’école sont tous responsables de cette situation. Le manque d’information, le flou juridique et le manque de vigilance des parents, voire leur ignorance accentuent ces risques. D’où l’intérêt de mettre en place des garde-fous. 

Vigilance maximum

D’où l’importance de la vigilance, la sensibilisation et l’éducation sexuelle. Des garde-fous devraient être mis en place pour freiner l’accès aux sites porno. “Les parents doivent redoubler d’efforts et être à l’affût de tout ce que leurs enfants cherchent, regardent ou partagent…”, martèle Aboubakr Harakat.

Au Maroc, en dehors des services de contrôle parental fournis par certains opérateurs, les actions dédiées à ce fléau sont jugées insuffisantes par les experts. “La régulation et le contrôle de l’usage du Net par les jeunes restent insuffisants”, constatent les acteurs associatifs. Le Pr Youssef Bentaleb, président du Centre marocain de recherches polytechniques et d’innovation (CMRPI), à l’origine de la campagne nationale de lutte contre la cybercriminalité, estime que le Maroc a réalisé quelques efforts en matière de violence-numérique, mais les mineurs demeurent très vulnérables sur le net. Le programme “e-salama”, lancé par le ministère de la Famille, de la Solidarité, de l’Égalité et du Développement social avec le soutien technique du Conseil d’Europe est une initiative louable, mais encore une fois insuffisante, car les familles n’en connaissent même pas l’existence, et certains parents, conscients de ces dangers, se débrouillent comme ils peuvent.  C’est dire la complexité de ce fléau et les dégâts qu’il peut provoquer chez nos enfants et sur la société. En attendant des actions concrètes, les experts recommandent la vigilance et la sensibilisation. Sensibilisation des familles d’abord, de l’école, et ensuite des enfants. 

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