Le mariage, c’est la fusion de deux vies et de deux individualités. Et souvent, c’est aussi la fusion de deux visions différentes de la gestion financière. Ainsi, si certains couples optent pour les comptes bancaires joints, d’autres s’y opposent fermement. L’argent peut être alors une source de tension ou de stabilité selon la manière dont les conjoints gèrent leurs finances. “L’argent est un problème récurrent en thérapie de couple”, constate le psychologue Bernard Corbel. “C’est une question qu’il faudrait aborder avant même le mariage, et déterminer la manière dont les dépenses seront faites”, ajoute-t-il. Éviter les conversations autour de l’argent risque d’envenimer le problème et de créer des tensions qui, avec le temps, peuvent miner la confiance et l’intimité. “On ne peut pas dire qu’il y a de règles strictes. Il y a des pratiques qui diffèrent d’un couple à l’autre, selon les coutumes et les usages. La règle serait que chacun contribue à hauteur de ses moyens”, estime le psychologue.
Qui paie ?
Selon une vision traditionnaliste, l’homme est considéré comme étant le seul à pourvoir aux dépenses afférentes au foyer, de sorte que lorsque la femme subvient aux besoins du couple, cela est ressenti comme une faiblesse. “Je suppose que c’est perçu comme une faiblesse par l’homme ou par les différents représentants familiaux du système patriarcal”, appuie Bernard Corbel qui explique que l’argent est une dimension majeure de la construction d’un « nous conjugal ». “La conviction partagée que les décisions prises sont bonnes, permettra en principe que les engagements pris soient respectés dans la durée. En principe seulement, étant donné que le respect de la parole donnée et le sens des responsabilités peut manquer plus tard à l’un ou à l’autre”, estime Abdelilah Jarmouni Idrissi, psychologue et psychothérapeute. Autre désagrément à relever dans la gestion de l’argent au sein du couple est le rapport de chacun à l’argent, surtout lorsque l’un est dépensier et l’autre un épargnant prudent. Le respect des différences et la recherche d’un terrain d’entente est alors essentielle pour éviter les frictions.
La Communication, pilier de la stabilité financière
Pour Bernard Corbel, la communication est la clé d’une relation financière saine. “Il est primordial que les deux partenaires soient tout à fait d’accord sur une formule et que cette formule leur donne le sentiment de l’équité”, insiste-t-il. Des conversations ouvertes et honnêtes sur les dépenses, les objectifs et les préoccupations financières peuvent renforcer la confiance mutuelle et réduire les conflits. En effet, au sein des couples, “la question financière est récurrente et laisse des traces très profondes de ressentiment d’insatisfaction. Tout ce qui n’apparaît pas juste et susceptible d’impacter profondément la qualité de la relation”, développe le psychologue qui conseille “un budget pour les dépenses courants et les soins de santé du ménage mis à la disposition de l’épouse”.
Alors, les bons comptes font ils les bons mariages ? La réponse n’est pas aussi simple. Les finances peuvent être une source de tension, mais aussi une occasion de renforcer la connexion émotionnelle et la confiance mutuelle. Trouver le juste équilibre entre l’amour et la raison, entre l’indépendance et la collaboration, est un défi constant pour de nombreux couples. Finalement, ce n’est pas tant le montant sur le compte en banque qui importe, mais la manière dont un couple choisit de naviguer ensemble à travers les hauts et les bas de la vie financière. Et dans cette aventure, la communication, le respect et la compréhension mutuelle sont de véritables richesses à cultiver.
Comment les finances doivent-elles être gérées dans un couple ?
Un couple est d’abord une idée : on se rencontre et un jour on pense à être ensemble. À ce stade, en principe, la question de l’argent n’est pas encore d’actualité, on veut être ensemble parce qu’on est bien ensemble et qu’on pense pouvoir le rester. Lorsque l’idée devient décision, on aborde beaucoup de sujets : lieu d’habitation, relation avec les familles, le nombre d’enfants et quel type d’éducation leur donner, etc. La question de l’argent n’est généralement abordée qu’en dernier, comme moyen de financer ce projet, le projet d’une vie. La bonne démarche est alors d’en parler à cœur ouvert, sans arrière-pensées, peurs ou manipulation. Si tel est le cas, le bon sens permet de définir facilement comment les deux revenus, pas toujours égaux, devraient être mis à contribution.
Le couple doit-il tout partager ?
Un couple n’est pas une entreprise avec une comptabilité. Chaque couple est unique par les deux personnalités qui le constituent et par la situation financière de chacun. Il y a les moyens financiers et le désir de chacun, et c’est autour de ces deux paramètres que la discussion doit tourner. Ce n’est pas toujours facile parce qu’il y a le vécu de chacun avec l’argent, avant la rencontre. Pour certains c’est un sujet très sensible, objet de souffrances passées. Pour d’autres l’argent n’est qu’un moyen non connecté à des émotions particulières. Être conscient de cela permet de parler sans tabous, d’écouter vraiment l’autre, le comprendre, et la répartition des dépenses se fait alors sur des bases logiques, en toute satisfaction des deux.
Doit-on tout payer à égalité ou équitablement ?
Dans les couples où il y a un attachement affectif réciproque, la question de l’argent est vite réglée, le partage se fait sur la base des différents domaines, tels que l’école, les traites, les voyages, en prenant en compte la différence de revenus, et pas dans la recherche de l’égalité en termes monétaires. À l’inverse, il est bien évident que les conflits autour de l’argent peuvent être l’arbre qui cache la forêt, être artificiels, quand ils sont là pour exprimer indirectement une rancœur, un mal-être, voire une souffrance dans le couple.