Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer le premier salon du surf en Afrique, Taghazout Surf Expo ? En quoi consiste-t-il ?
Ce projet est né d’un constat : Taghazout et tous les spots de surf de la région d’Agadir sont connus des surfeurs du monde entier depuis des décennies. De petit village de pêcheurs à l’ambiance traditionnelle, Taghazout s’est peu à peu transformé en bourgade touristique offrant une panoplie de services répondant aux besoins des visiteurs venus profiter des vagues. Des surfshops aux surfcamps en passant par la restauration, les cours de surf, la location de matériel, les transports, les excursions, … C’est tout une économie, plus ou moins formelle, qui s’est développée dans la région. Avec la crise sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19, la fragilité de ce tissu économique est apparue de façon flagrante. Nous sommes convaincus que les activités liées au surf participeront à la création d’emplois et de richesse dans la région. Aussi, ce projet ambitionne tout d’abord de structurer l’écosystème du surf au Maroc. Le salon constituera ainsi une plateforme de rencontres et d’échanges, favorisant l’émergence de nouvelles idées et opportunités de développement. Il permettra aussi de valoriser le potentiel du littoral marocain et d’accroître la visibilité de Taghazout et de la région en tant que destination phare du surf dans le monde.
À qui est-il destiné ?
Le salon est ouvert à tous, sportifs, amateurs, professionnels de l’industrie du surf et grand public. Sur le plan économique, il représente une opportunité inédite pour les professionnels du surf, les investisseurs, les porteurs de projet, et, plus largement, les organismes publics et privés liés au sport et au tourisme qui se rencontreront, échangeront et noueront des partenariats. Des ateliers et des speed meetings organisés avec divers acteurs comme l’ONMT et le CRT pour le tourisme ou le CRI et l’AMITH pour l’industrie sont prévus et permettront aux professionnels et aux jeunes créateurs d’affiner ou de développer ainsi leurs projets. Sur le plan sportif, nous avons tenu à nous démarquer des compétitions. Ce n’est pas notre vocation et ce n’est pas notre objectif. En revanche, nous avons tenu à intégrer la Fédération royale marocaine de surf et de bodyboard (FRMS) dans le projet. Grâce à son précieux concours, le public pourra rencontrer de grands noms du surf et du bodysurf tels que les champions Ramzi Boukhiam et Brahim Iddouch ainsi que des personnalités comme Hassan Fekkak, directeur technique du Comité national olympique.
Taghazout Surf Expo propose également une programmation artistique variée avec des créations inédites de jeunes artistes marocains talentueux. Il offrira également des concerts chaque jour. Car, même si le surf est avant tout un sport, c’est aussi toute une culture qui se manifeste à travers la mode, la musique, la peinture, etc. On peut même parler d’un véritable mode de vie proche de la nature et des éléments. Dans ce sens, le salon prévoit un programme d’ateliers en direction de la jeunesse sur des thématiques artistiques et environnementales. Des cours de yoga et des initiations au surf seront aussi organisés quotidiennement et ouverts au plus grand nombre. En résumé, l’idée est que chaque visiteur du salon puisse y trouver une activité ! Accessible, gratuit et ouvert à tous, Taghazout Surf Expo constituera un nouvel événement culturel majeur au profit des habitants de la région.
Quelle est sa particularité ?
Sa particularité, par rapport aux autres événements du genre dans le monde, est justement qu’il s’agit d’un événement à plusieurs dimensions. Ce n’est pas uniquement une foire/expo destinée aux professionnels. Ce n’est pas non plus un festival. Et ce n’est pas un colloque scientifique. C’est tout cela à la fois et bien plus encore ! Mais c’est surtout une première au Maroc et sur le continent africain. Nous avons recensé trois autres événements du genre dans le monde, le plus ancien étant à Orlando aux États-Unis, le deuxième en Italie et le troisième au Portugal. Chacun a son identité et son public. Mais, Taghazout Surf Expo est le seul à proposer une programmation aussi complète. Nous pensons que le Maroc, et en particulier la région de Taghazout, a toute la légitimité pour organiser un tel événement international dédié au surf.
Parmi les axes qui seront développés lors du salon, vous allez présenter les résultats de recherches entamées en juillet dernier décryptant l’évolution historique, urbaine, architecturale et sociale de Taghazout. Quel en est l’objectif ?
En effet, l’aspect scientifique revêt une importance particulière dans la conception de Taghazout Surf Expo. Ce programme est le fruit d’une collaboration étroite entre le Lab-réseau ULYSSE (Belgique) et le laboratoire de recherche sur les langues et la communication de l’Université Ibn Zohr d’Agadir. Des chercheurs belges et marocains ont ainsi entamé des études sur le territoire de Taghazout afin de déterminer l’impact du surf sur les plans sociologiques, urbanistiques, environnementaux, etc. L’objectif est de pouvoir dresser un tableau le plus complet possible du contexte, dans ses aspects positifs comme négatifs, afin de réfléchir aux perspectives de développement durable pour le territoire. Nous sommes très fiers de pouvoir présenter les résultats de ces recherches durant le salon. C’est aussi l’une des particularités de l’événement.
Pour vous, quel est l’impact socio-économique du surf dans le région ?
Le surf a transformé la région sur tous les plans que ce soit au niveau économique, social ou encore architectural. Nous constatons que de plus en plus de jeunes s’investissent dans les activités liées au surf (les cours de surf, le shaping, la création de marques de surf wear mais aussi l’hébergement, la restauration, ou encore des métiers liés à l’image (photo, vidéo, web) avec l’essor des réseaux sociaux). En somme, c’est tout un écosystème qui tourne autour du surf et qui fait vivre de nombreuses familles dans la région. À travers cet événement, et notamment son volet scientifique, notre objectif est ainsi de mettre en lumière cet impact, de le mesurer et de proposer des pistes de réflexion pour faire du surf un levier de développement durable et responsable dans la région.
Quelle est la place de la femme dans le surf ? D’après vous, que leur a apporté et permis ce sport ?
Les femmes ont toute leur place dans le surf et sont de plus en plus nombreuses à pratiquer ce sport. Bien sûr, les clichés sexistes sont encore courants dans le milieu et des progrès restent à faire, notamment en termes de représentation dans les institutions. De plus en plus d’athlètes féminines se font remarquer dans les circuits internationaux en imposant leur style. Le surf, c’est une certaine image du dépassement de soi par la confrontation aux éléments et sur ce plan, de nombreuses surfeuses sont reconnues pour leurs performances à l’égal des hommes. D’ailleurs en 2019, la World Surf League (WSL), organisatrice du circuit professionnel mondial de surf, a décidé d’instaurer l’égalité des primes de résultats entre les genres, une grande victoire pour les surfeuses et un exemple à suivre…
Au Maroc, nous pensons qu’il faut encourager la pratique du surf chez les jeunes filles car il y a un potentiel énorme ! Le Royaume a lui aussi ses figures de proue en matière de surf féminin, nous pensons notamment à Fatima Zahra Berrada qui a été la première marocaine à représenter le pays lors d’une compétition internationale ou encore à Maryam El Gardoum, 5 fois championne du Maroc. D’ailleurs, le salon accueillera, avec le concours de la FRMS, Lilias Tebbai, 18 ans, championne du Maroc qui a représenté le pays aux derniers championnats du monde au Salvador, et Ranya Squalli, 14 ans, qui vient d’être sacrée triple championne junior du Maroc. Ces deux jeunes talents sont très prometteurs ! Elles ont des ambitions internationales et seront, sans nul doute, les ambassadrices du surf féminin au Maroc dans les prochaines années.
Selon vous, quels enjeux sportifs actuels et futurs se jouent-ils ?
Le principal enjeu aujourd’hui au Maroc est d’élargir la base des pratiquants et pratiquantes du surf afin de faire émerger de nouveaux talents qui pourront participer aux compétitions internationales et ramener des titres au Royaume. Sur ce plan, nous sommes convaincus que le Maroc dispose d’un potentiel important de compétiteurs. Nous tenons d’ailleurs à saluer le travail important des nombreuses associations locales qui permettent à des jeunes de toutes origines sociales de s’initier au surf. Les nombreuses compétitions organisées par ces associations et la FRMS dans tout le pays sont indispensables pour repérer les nouveaux talents. Mais il faut aussi encourager les sponsors privés à s’engager dans ce sport pour accompagner les champions de demain. En effet, entre le matériel et les voyages aux quatre coins du monde, le surf est un sport qui peut se révéler très coûteux lorsqu’il est pratiqué à haut niveau. Ainsi comme dans d’autres disciplines, l’argent est un critère décisif pour atteindre les sommets de la compétition.
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Quelques détails sur Taghazout Surf Expo
Installé à proximité d’Anchor Point, spot de surf iconique de la baie de Taghazout, prisé par les surfeurs du monde entier, Taghazout Surf Expo s’étalera sur plus de 4.000 m2. 35 exposants sont attendus et un programme riche et varié est prévu (surf, ateliers, speed meetings, concerts, créations inédites, recherches scientifiques, etc.) Le salon est co-organisé par l’association Taghazout Surf Expo et le Conseil Régional du Tourisme Souss Massa (CRT SM), soutenu par l’ONMT et en partenariat avec la Fédération Royale Marocaine de Surf, la Société de Développement Régional du Tourisme Souss Massa, le Centre Régional d’Investissement Souss Massa, la commune de Taghazout ainsi que le programme Madaëf Eco6.
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www.taghazoutsurfexpo.com