À chaque occasion, nous autres, Marocaines, réalisons l’exploit de nous glisser dans les habits exigés pour la circonstance. Une manière de montrer que nous sommes ouvertes sur le monde et conscientes de la réalité de ces doubles, voire multi-cultures qui sont les nôtres sans que cela nous perturbe.
En effet, la société marocaine a toujours évolué avec les siècles. Nous sommes parmi les rares peuples à pouvoir passer avec autant de facilité des odeurs du oud et des psalmodies de la nuit du Mawlid au stress de la course aux cadeaux de Noël pour enfin nous mettre sur notre 31 (c’est le cas de le dire) pour accueillir l’année suivante comme il se doit. Cette gymnastique intellectuelle n’est pas spécifique aux fêtes ni au mois de décembre. Elle est même intrinsèque à notre quotidien.
Nous avons, pour une grande partie d’entre nous, étudié dans des écoles bilingues, publiques ou privées, ou dans des missions étrangères. Nos enfants suivent exactement les mêmes schémas. D’où une identité complexe et parfois hétérogène, voire divergente. D’aucuns qualifient ce phénomène de schizophrénie.
Ce constat appelle une réflexion. Dans un monde de plus en plus globalisé, la norme n’est plus aux citoyens monoculturels, figés et renfermés sur eux-mêmes. À l’heure où des continents entiers s’ouvrent sur nous, notamment l’Afrique, l’actualité n’est plus au repli. L’ouverture a toujours été une richesse. Il est heureux que cette faculté d’adaptation soit dans notre ADN. Il n’est d’ailleurs pas anodin que les Marocains du monde se comptent par millions et que parmi eux, ceux qui ont réussi soient si nombreux. Les Gad, les Montana, les Debbouze et les Grini en sont les plus belles preuves.
En Europe et aux États-Unis, la tendance est au repli sur soi. L’élection de Trump et le risque de voir l’extrême droite à la tête de la France, de l’Autriche ou des Pays-Bas sont une réalité. La mémoire du monde est décidément trop courte. En effet, la dernière fois que ces tendances se sont imposées, l’histoire a connu des guerres aux conséquences catastrophiques. Quand on voit la situation d’exclusion à laquelle a conduit l’extrémisme en Syrie et en Irak, nous devons être fières de la réussite de notre diversité culturelle et fières de notre différence.
Même si cette année a eu son lot de difficultés, nous nous devons de cultiver notre optimisme et de continuer à espérer le meilleur pour l’année qui s’annonce. Gardons cette force d’ouverture qui est la nôtre et célébrons chaque fête comme il se doit.
Bonnes fêtes à toutes et à tous et rendez-vous en 2017 !