“Malheureusement, nous sommes encore sous le coup d’un système patriarcal et d’un Code pénal archaïque qui ne reconnaît pas les libertés individuelles, voire pire encore, qui en considère certaines comme des crimes à l’instar des relations sexuelles hors mariage, des relations homosexuelles ou encore de l’adultère. C’est tout bonnement scandaleux. Nous sommes face à une confusion claire et net entre halal et haram, alors que ce n’est pas le rôle du législateur d’interférer dans la vie privée. Au contraire, il doit protéger, assurer la sécurité, veiller au respect de la liberté de la vie privée et interdire la violation des droits humains. N’oublions pas que les relations sexuelles hors mariage sont interdites dans toutes les religions, ce n’est pas une spécificité musulmane. Aussi, il est temps de ne plus faire d’amalgame et d’abroger ces articles honteux qui brisent la vie de jeunes qui ont, eux aussi, des rêves ! Savez-vous qu’en 2019, plus de 15 000 personnes ont été poursuivies pour des relations sexuelles hors mariage, sachant que les femmes sont doublement incriminées – Les femmes sont plus nombreuses à se retrouver en prison pour relation sexuelle hors mariage/adultère à l’inverse des maris infidèles-. Il est temps que ce Code pénal moyenâgeux cesse d’être aussi en contradiction avec les lois et traités internationaux – ratifiés pourtant par le Maroc-, et la Constitution de 2011 qui garantit le respect des libertés individuelles. Ainsi, nous pouvons parler de violence institutionnelle de l’État envers les Marocains. Il est également temps que les plaidoyers portés depuis des années par les associations féministes et les avis des institutions comme le Conseil économique, social et environnemental (CESE) soient pris en considération, tout comme les nombreuses voix qui s’élèvent aujourd’hui pour crier “basta aux articles liberticides”. Il faut également avoir en tête que le passage à la modernité ne pourra pas se faire sans respect des droits élémentaires des individus. Il est impensable et impossible d’être libéral du seul point de vue économique. Il est question de développement, d’autant plus à l’heure de la pandémie de Covid-19 qui a secoué et malmené le pays et tant d’autres dans le monde entier. La poursuite des violations des droits individuels sera ainsi synonyme de manque de confiance envers l’Etat, de malvivre et de mal-être. Aussi, il est temps…”
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Ibtissame Betty Lachgar, psychologue clinicienne, porte-parole du mouvement M.A.L.I.