Précarité menstruelle
Yasmine Lahlou, cofondatrice du mouvement 7achak
“Lancé en novembre 2019, le mouvement 7achak s’est donné deux missions, lutter contre la précarité menstruelle et briser le tabou des règles. Aujourd’hui, deux ans plus tard, nous observons une meilleure perception des menstruations au sein de notre société. Les langues se sont notamment déliées sur les réseaux sociaux. À mon avis, mieux informée sur le sujet, la société a pris conscience du problème et de ses conséquences comme la déscolarisation des jeunes filles notamment en milieu rural. Nous constatons également une évolution en matière de protections hygiéniques dans les grandes villes. Par exemple, la culotte menstruelle est devenue l’accessoire incontournable à avoir. Vu l’ampleur que prend ce phénomène, trois marques marocaines ont été lancées cette année. Les cups menstruelles sont également plus disponibles. Aussi, une tendance se dessine : parler des règles devient petit à petit plus “trendy” que “tabou”, et être féministe renvoie désormais l’image d’une femme “géniale” plutôt qu’“aigrie”. Pour moi, la génération montante n’a jamais été aussi engagée. Un tas de jeunes lycéennes et étudiantes souhaitent rejoindre le mouvement afin de lutter, à leur échelle, contre la précarité menstruelle. Beaucoup fondent des associations, créent des pages Instagram, ou encore organisent des collectes, des donations, des conférences dans ce sens. Mais, constatons-le, le problème persiste car il est impossible de changer la donne sans une réelle implication gouvernementale. Aussi, pour que le problème puisse être réellement pris au sérieux, le prochain gouvernement devra créer un fonds dédié et s’engager à y verser un montant spécifique. Il devra également lancer une nouvelle étude sur la précarité menstruelle au Maroc. La dernière date de 2015, et a été menée par Novatis auprès de 1 500 femmes. Le nouveau gouvernement devra également soutenir les jeunes associations remplies d’espoir. Il est temps de faire confiance à notre jeunesse, elle est déterminée ! C’est logique pourtant, mais au Maroc, nous sommes encore loin du compte à cause d’un certain conflit générationnel. C’est bien dommage !”