Quelle a été l’idée de départ pour l’écriture du scénario de “Indivision” ?
Avec le réchauffement climatique, le sol se dérobe sous nos pieds… La question écologique est devenue un centre de gravité de la politique… À Tanger, il suffisait de lever le nez sur un territoire qui raconte tout, chorégraphie unique d’oiseaux, forêts éventrées, chantiers à perte de vue, grues, tranchées, trous, pelleteuses… Et c’est ce paysage dont j’ai eu envie de faire le théâtre d’un corps à corps à l’intérieur d’une famille et d’une “propriété” en danger dans les hauteurs de Tanger. Une indivision pour faire tenir en un ce qui est séparé.
Vos films ont généralement pour cadre Tanger. Que vous inspire cette ville ?
Entre Tanger et moi, c’est une vigoureuse et tumultueuse histoire d’amour. J’ai passé mes étés chez ma grand-mère, une magnifique demeure, un peu croulante, avec des étages condamnés. Enfant, je m’échappais en secret de la demeure patricienne, découvrant la médina et m’immergeant dans un monde étranger. Adulte, toutes ces maisons sont devenues l’objet d’un refrain monotone, résonnant de disputes… Ces cauchemars habillés du nom d’Indivision que l’on connait tous, au Maroc ou ailleurs. Ces mêmes assemblées conflictuelles qui mêlent un attachement irrationnel à la propriété et cupidité, une affection authentique à une solidarité feinte, l’intimité à l’affairisme…
Dans quel genre cinématographique, vous retrouvez-vous le mieux ?
Mon travail combine plusieurs genres tels que le réalisme magique, la science-fiction et la cosmologie musulmane. Je m’inspire également de la littérature fantastique, de la science-fiction … Dans “2080”, un projet de série, j’explore le monde de la neuro-sélection et de la neuro-dictature, où deux camps s’affrontent : les Résistants et les Transhumanistes…
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Entre autres projets, je travaille sur une série extrêmement coûteuse qui se déroule dans les années 1950, pendant la bataille pour l’indépendance du Maroc. Alors que la lutte sanglante d’une nation contre le colonialisme atteint son apogée, une jeune femme, Touria Chahoui, devient la première femme pilote d’avion marocaine et arabe.
En créant des histoires à la fois divertissantes et stimulantes, je veux m’adresser à un large éventail de spectateurs, tout en continuer à inventer des formes esthétiques. Une héroïne marocaine peut parler au monde entier. En tant que cinéaste, je pense que le travail créatif ne consiste pas seulement à produire des films élitiste, mais aussi à s’engager auprès de diverses communautés et à créer des œuvres qui reflètent la richesse de notre société.