Les freins à l’employabilité des femmes

Des inégalités qui freinent l'autonomie économique et perpétuent les disparités sociales.

Le marché de l’emploi au Maroc a évolué de manière significative au fil des ans, mais l’inclusion des femmes reste un défi considérable. Malgré quelques progrès, les taux de participation féminine demeurent faibles, les inégalités salariales persistent et des obstacles culturels entravent encore la pleine intégration des femmes dans le monde du travail. En confrontant ces réalités aux Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030, il est évident que l’amélioration de l’employabilité des femmes est cruciale pour parvenir à un développement durable et inclusif.

Selon les données de 2023 du Haut-Commissariat au Plan (HCP), seulement 22 % des femmes en âge de travailler participent au marché du travail, contre 70 % des hommes. Ce chiffre est d’autant plus préoccupant que l’accès à l’éducation et aux compétences professionnelles s’améliore continuellement. Plusieurs facteurs expliquent cette faible participation, notamment des normes sociales conservatrices, une répartition inégale des responsabilités familiales qui pèsent davantage sur les femmes, ainsi que des discriminations persistantes à l’embauche et sur le lieu de travail. Les femmes marocaines sont également confrontées à des barrières structurelles qui limitent leur accès à certains secteurs professionnels. Alors qu’elles sont bien représentées dans des domaines comme l’enseignement, la santé et les services, elles restent sous-représentées dans des secteurs à forte valeur ajoutée, tels que les technologies de l’information, l’ingénierie ou l’industrie. Sur le marché du travail, les femmes gagnent 17 % de moins que leurs homologues masculins pour des postes équivalents. Cette inégalité freine leur autonomie économique et contribue à perpétuer les disparités sociales.

Un autre facteur clé à prendre en compte est le poids du secteur informel dans l’économie marocaine. Ce secteur regroupe des activités économiques non déclarées, comme le commerce de rue, l’artisanat non enregistré, les petites exploitations agricoles et les services à domicile. Certaines études estiment que ce secteur représente plus de 50 % du PIB du Maroc. En conséquence, une grande partie des emplois créés dans ce secteur échappe aux statistiques officielles, et les femmes en sont les principales victimes, souvent reléguées à une économie de survie qui les prive de droits sociaux et économiques fondamentaux.

Face à cette situation, le gouvernement a entrepris plusieurs actions pour promouvoir l’autonomisation économique des femmes. Ces initiatives incluent l’encouragement des coopératives rurales, qui offrent aux femmes des opportunités d’emploi et de revenus, ainsi que l’amélioration du cadre juridique en faveur des femmes. Néanmoins, ces efforts restent insuffisants pour inverser la tendance baissière de l’employabilité des femmes.

Pour répondre à ces défis, le Maroc doit intensifier ses efforts afin d’assurer une participation plus large des femmes au marché du travail, tout en réduisant les inégalités salariales et en favorisant leur accès aux secteurs économiques émergents. En outre, la généralisation des crèches publiques est une priorité pour permettre aux femmes de concilier vie professionnelle et familiale, et éviter qu’elles ne soient contraintes de sacrifier l’une pour l’autre. La mise en œuvre de ces mesures est indispensable pour atteindre les objectifs d’un développement durable et inclusif à long terme.

Opinion : Asmâa Morine Azzouzi, Experte en intelligence économique et past-présidente de l’Afem

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