La terre a bougé, les marocains aussi

“Une familiarité verbale illustrée par tous les “khti” et “khoya” qu’on s’échange dans une journée.”

à celui qui a réveillé nos corps endormis en pleine nuit puis nos cœur endormis, en plein jour. Car ce séisme a aussi secoué nos pendules pour les remettre à l’heure. Un éveil des consciences au-delà de la marche du progrès et des sciences, un appel d’entrailles à entrailles, de celles de la Terre aux nôtres, un rappel de la terre au petit “t” et à la grande Heure, le rappel de notre irréductible vulnérabilité et de notre inéluctable finitude.

Je crois que ce qui nous lie nous Marocains, entre autres, c’est un sens de la proximité inouï, inédit. Un genre de familiarité verbale illustrée par tous les “khti” et “khoya” qu’on s’échange dans une journée. Alors à force de le dire et plus encore, par la force de le croire, nous nous pensons tous comme appartenant à une seule et grande, très grande, famille. Un grand arbre génial-alogique dont nous formons tous une branche et qui nous fait plus de lumière que d’ombre. Ainsi, ce tremblement qui a retenti, c’est nos frères et sœurs d’une autre mère mais du même arbre qu’il a emportés. Il nous a tous laissés démunis de nos semblables. Nos précieuses branches, nos glorieuses feuilles, nos communes racines.

Comme une peur venue rappeler que notre pays n’était pas unique du fait de n’être jamais touché par le drame, mais unique par la force du soulèvement solidaire, indivisible, instantané, insoupçonné, que ce drame peut susciter. À ce tremblement de terre nous avons répondu par un tsunami de mobilisation, un déferlement d’amour, d’aides, de mains tendues, de bras portants, de larmes partagées, d’étreintes échangées. La Terre bouge, les Marocains aussi.

Je ne peux prétendre avoir compris, saisi ou même simplement correctement imaginé la peine de ceux qui ont subi le pire de ce cri terrestre devenu cris de détresse. Et parfois il me semble presque indécent, voire indélicat de pouvoir aborder cela avec sagesse ou philosophie. Mais il le faut. Il le faut, car la peur prend racine dans le tabou, la peur de dire tout haut, la peur de se montrer tout fort, la peur d’être amené à traverser les mêmes épreuves, la peur d’aller par-delà la peur.

Rien ne se substitue au devoir de mémoire de ces vies dont le temps s’est brusquement arrêté et celles dont les destins ont irréversiblement basculé. Rien ne se substitue non plus au devoir de vivre, de survivre, de poursuivre.

Reconstruire. Si l’on considère que la vie est une succession de prétextes, on peut dire alors que la vie en emploie beaucoup, de ces prétextes, pour nous amener à reconstruire. Je ne citerai pas d’exemples précis pour ne pas circonscrire votre horizon de pensée, mais souvent dans la vie, dans chacune de nos vies, nous sommes amenés à reconstruire quelque chose, de tangible ou d’abstrait, à commencer par soi-même. Parfois tout est détruit et tout est reconstruit, parfois des bribes soutiennent les constructions nouvelles, mais ce qui demeure toujours vrai, c’est que le passé cohabite toujours avec le présent, que rien ne disparaît vraiment jamais et que la destruction n’est pas simplement la cause de la reconstruction mais qu’elle en fait partie intégrante, comme dans ces poupées russes. C’est la suite de l’histoire, le pointillé qui dessine un pont liant l’avant et l’après. Les deux forment un tout indissociable et c’est la fameuse citation de Lavoisier, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

Vive le Maroc et Vive le Roi.

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