Les Marocaines et les JO (3/3)

Notre retour sur les exploits des athlètes marocaines et leur combat pour s'imposer dans différentes disciplines olympiques fait ressortir un nm inoubliable, celui de Nezha Bidouane.

Une autre athlète a aussi permis l’ascension des femmes dans le sport : Nezha Bidouane, championne du monde 1997 et 2001, médaillée de bronze aux JO de Sydney en 2000 et d’argent au mondial de Séville en 1999. Elle est également double championne d’Afrique et triple championne des Jeux méditerranéen. Elle détient le record africain du 400m haies. “Nezha Bidouane reste, et restera encore pour longtemps, la meilleure sportive que le Maroc ait eue”, soutient Aziz Daouda, son ancien entraîneur, appuyant que son parcours exceptionnel a inspiré de nombreuses jeunes athlètes. “À l’époque et aujourd’hui encore, je jouis d’une considération dont je suis fière. La Sollicitude Royale, l’amour et la considération que me réservent toutes celles et ceux que je rencontre au quotidien, me font dire que la place de la femme marocaine sportive est fort importante”, déclare Nezha Bidouane. “Et je suiscertaine que c’est le cas de toutes les sportives qui se distinguent. Il n’y a qu’à revenir sur les dernières images de la Coupe d’Afrique des Nations Féminins (football) qui s’est jouée au Maroc, sur l’affluence record du public pour jauger cette importance que je dirais ancrée et grandissante.” Tout au long de son parcours, Nezha Bidouane n’a pas connu d’obstacles “sinon ceux normaux que garçons et filles peuvent rencontrer”, comme elle l’assure. “Mon défunt papa était sportif, mes frères aussi. Je dois dire que le rôle le plus important dans ma carrière a été joué par ma défunte maman qui n’avait ménagé aucun effort pour m’accompagner dans ma pratique”, raconte-t-elle. “Mon club, et plus tard l’équipe nationale, vont m’offrir toutes les conditions pour m’épanouir et aller au bout de mes rêves.” Et d’enchaîner : “Je ne pense pas que la progression des femmes dans le sport soit dû à un événement en particulier. Pour moi, il s’agit davantage d’une évolution normale, peut-être même accélérée et soutenue dans un Royaume qui dès l’indépendance a défendu et développé la place de la femme dans l’ensemble des domaines y compris le sport.

Soutien Royal


Talentueuses et déterminées, les sportives marocaines ont réussi à s’imposer. Mais leur ascension a aussi été soutenu par une volonté, un engagement des plus Hautes Instances. “Avec le temps et grâce à la Sollicitude Royale et les stratégies mises en place par toutes les parties prenantes en ligne avec les politiques et recommandations des instances internationales, des efforts ont été constatés pour une parité et égalité dans le sport”, souligne Nawal Moutawakil. Et Nezha Bidouane de développer : “L’évolution de la place de la femme marocaine dans le sport s’inscrit en droite ligne de ce qu’avait voulu feu SM Mohammed V à l’indépendance du pays, lui qui avait poussé la femme à s’émanciper à travers l’exemple que donnaient les princesses. Feu SM Hassan II a fait encore plus dans ce sens en nommant des femmes à de très hautes responsabilités politiques, en faisant que la Constitution d’alors puisse obligatoirement réserver une place importante aux femmes dans la représentativité nationale. Et aujourd’hui, sous le règne de SM Mohamed VI que Dieu l’assiste, la femme et l’homme ne sont plus différenciés que par les compétences que chacune ou chacun puisse avoir.” Depuis l’indépendance, les Souverains ont été des soutiens colossaux et considérables pour le sport féminin, comme le résume Fatima El Faqir, évoquant notamment la constitutionnalisation du sport (en 2011) consacrant ainsi le droit au sport comme un droit inaliénable des citoyens.

L’égalité aux JO
Depuis 1991, toute nouvelle discipline souhaitant être inclus au programme olympique doit obligatoirement comporter des épreuves féminines. En 2007, la Charte olympique impose la présence des femmes dans tout sport. Au fil des JO, les ambassadrices féminines se sont multipliées et les Marocaines se sont fait une place dans diverses disciplines comme Sara El Bekri, première nageuse marocaine à des JO (Pékin 2008), Maha Haddioui, première golfeuse marocaine (Rio en 2016) ou encore Rizlen Zouak, première judokate marocaine (Londres 2012). “Quand j’ai décroché mon ticket pour les JO, je ne savais pas que j’étais la première”, confie Rizlen Zouak. “Lorsque je l’ai appris, j’en ai eu la chair de poule… J’ai ressenti une immense fierté !”. Et de lâcher : “Je suis très contente de voir de plus en plus de Marocaines aux JO. Nous avons tout autant notre place que les autres sportives de n’importe quel pays!” Perçant et évoluant dans un plus grand nombre de disciplines dont des sports de combat, les athlètes ne sont pas épargnées par les préjugés associés au sport féminin (perte de la féminité, silhouette peu esthétique, corps trop musclé, etc.). Au contraire comme peut en témoigner Rizlen Zouak. “Je ne sais pas si certains hommes ont des problèmes d’ego”, lance-t-elle. “Car je ne comprends pas pourquoi ils se comparent à nous, ils se permettent de nous critiquer, nous insulter voire pire ! Malheureusement, j’ai déjà reçu des messages sur les réseaux sociaux dans lesquels on menaçait de me tabasser…” Malgré les avancées, la bataille pour la liberté des femmes et pour l’égalité, est loin d’être terminée. Encore aujourd’hui, elles sont très peu nombreuses dans des instances dirigeantes, alors qu’aux commandes, elles pourraient davantage bouger les lignes ! Au Maroc, cinq fédérations sportives sur 54, sont menées par des femmes dont Nezha Bidouane à la Fédération royale marocaine du sport pour tous (FRMST). À l’international, un visage porte le sport dont celui féminin : Nawal Moutawakil, ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports (2007-2009) qui est membre du Comité International Olympique (CIO) depuis 1998. Elle a notamment été vice-présente du CIO entre 2012 et 2016, devenant la première femme musulmane, arabe et africaine à accéder à un tel poste. Les chapitres de l’histoire marocaine et féminine des Jo sont multiples. D’autres sont encore en cours d’écriture. À suivre. 

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