Touria El Glaoui, La guerrière de l’art

Fondatrice et directrice de la foire internationale d’art contemporain africain 1-54 (un continent, cinquante-quatre pays), Touria El Glaoui met en lumière la scène artistique africaine sur l’échiquier mondial. Portrait d’une dynamique promotrice de la créativité du continent.

À Marrakech où elle a installé en 2018 la foire internationale d’art contemporain africain 1-54, Touria El Glaoui évolue en terrain connu. C’est dans cette ville dont est originaire sa famille qu’elle s’est éveillée à l’art. “J’ai grandi dans un véritable écrin artistique, grâce à mon père, le grand peintre Hassan El Glaoui. Dès l’enfance, j’ai pu l’observer dans son atelier et voir ses œuvres prendre forme sous mes yeux. Cet environnement privilégié a éveillé ma curiosité et mon goût pour l’exploration artistique. À la maison, la peinture faisait partie du quotidien, nous recevions régulièrement des galeristes, des collectionneurs ou des amateurs d’art. C’était une immersion totale dans la création, durant laquelle mon père a su me transmettre sa passion pour l’art”, se souvient avec émotion Touria El Glaoui. Une éducation artistique qui laisse une empreinte indélébile dans le parcours de la fondatrice de l’Art Fair, que ce soit lors de ses études aux États-Unis, de ses voyages en Europe et en Afrique. Touria El Glaoui ne suivra pourtant pas les traces de son illustre père. “J’ai bien sûr expérimenté la peinture, surtout enfant, ne serait-ce que par jeu, pour imiter mon père. Cependant, je n’ai jamais eu l’ambition d’en faire un métier ou d’adopter une pratique artistique”. Encouragée par son père qui souhaitait la voir choisir une carrière en dehors de l’art, elle suit des études de finances à New York, et démarre dans la foulée un parcours professionnel dans le secteur bancaire en tant que consultante en gestion de patrimoine. Parallèlement à cette activité, elle organise des expositions internationales dédiées à l’œuvre de son père. 

Une plateforme internationale de l’art africain

Une décennie plus tard, Touria décide de quitter son travail, de déménager à Londres et de lancer un projet entrepreneurial en phase avec sa passion pour l’art contemporain. “Cette transition n’a pas été simple, mais l’envie de partager une autre vision de l’art africain a été plus forte que mes peurs…”, explique-t-elle. Touria El Glaoui met à profit ses compétences pour structurer la foire, et puise dans ses fonds personnels pour concrétiser ce projet. Un travail titanesque s’en suit : Touria écume les foires et les salons pour mieux maîtriser les rouages de cet univers et son mode de fonctionnement. La première édition du 1-54 Contemporary African Art Fair voit le jour en 2013, au même moment que la Frieze Art Fair, une des grandes foires anglaises. “L’idée est née d’un constat, malgré la vitalité et la diversité de la création artistique contemporaine en Afrique et sa diaspora, il n’existait pas de plateforme internationale dédiée à cette scène. J’ai ressenti le besoin de créer un espace professionnel, inspirant et accessible, où galeries, artistes, collectionneurs et curateurs pourraient se rencontrer, échanger et collaborer.”  Entourée de ses collaborateurs, Touria El Glaoui dote Marrakech de sa première foire d’art contemporain tout en offrant aux artistes africains la possibilité de rayonner et de partager leur vision avec le plus grand nombre. “L’un de mes plus beaux souvenirs est certainement la première fois où j’ai accompagné mon père lors du montage d’une exposition. Assister à la mise en scène des œuvres, au soin avec lequel elles étaient accrochées, m’a fait comprendre à quel point la présentation d’une œuvre contribue à son récit et à l’émotion qu’elle procure. J’ai gardé en tête l’importance de l’environnement dans lequel on découvre un tableau ou une sculpture, et cet apprentissage me guide encore aujourd’hui dans l’organisation de 1-54, que ce soit à Londres, à New York ou à Marrakech”, assure Touria, un sourire accroché aux lèvres.

Énergique et battante, Touria El Glaoui compte aujourd’hui parmi les plus dynamiques promotrices de la créativité du continent africain. Celle qui a été classée par Forbes parmi les 100 femmes les plus influentes en Afrique poursuit sans relâche la tâche qu’elle s’est assignée : accroître la visibilité des artistes et des pays africains sur la scène internationale et mettre en lumière des femmes au parcours inspirant. Pari réussi.

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