Pourquoi est-il important pour vous de participer à un tel événement ?
L’Oréal est un groupe qui promeut l’égalité entre les hommes et les femmes, tout comme l’accès des femmes à des postes de responsabilité que ce soit au sein de son entreprise – par exemple, il n’y a aucune différence de salaire entre les sexes – mais aussi dans tout ce que le groupe réalise. L’Oréal a toujours œuvré pour l’empowerment féminin à travers notre programme « Sharing Beauty With All » pour un développement et donc une croissance durable, car on sait très bien que le changement climatique va davantage impacter les femmes. L’Afrique est notre nouvelle zone de développement. C’est donc tout à fait logique qu’on y aille avec nos valeurs et nos engagements.
Quelles sont les actions menées par l’Oréal pour soutenir l’Economie sociale et solidaire (ESS) ?
Plus de 50 % de nos matières premières sont d’origine végétale, et un grand nombre est produit par des femmes dans des pays comme le Maroc ou le Burkina Faso. Ce que nous essayons de faire, c’est de favoriser une production responsable. Responsable tout d’abord pour l’environnement. Car outre la lutte contre le réchauffement climatique, cette préservation est essentielle puisque, sans cela, ces femmes ne pourront plus vivre de leur production. Ensuite, responsable en les aidant à se développer durablement. Nous les aidons à s’organiser et à avoir des revenus supplémentaires. Par exemple, au Maroc, nous achetons de l’huile d’argan à six coopératives marocaines – 600 femmes employées. Mais nos experts se sont rendu compte que d’autres parties de l’huile d’argan pouvaient être utilisées comme le tourteau ou la poudre de la noix d’argan. Nous leur achetons, ce qui leur permet d’augmenter leur revenu qu’elles gèrent elles-mêmes, en optant par exemple pour une protection sociale. Nous ne leur imposons rien. C’est elles qui créer leur propre business model durable, et nous, nous les accompagnons.
Pour vous, l’ESS est-elle essentielle pour l’autonomisation des femmes et donc leur émancipation ?
Il y a beaucoup de femmes dans l’ESS et je pense que cela peut être une porte vers l’avenir car l’économie traditionnelle se transforme. Mais on ne peut pas dire que les femmes dans l’ESS vont permettre leur émancipation à 100 % ou encore régler la question de l’égalité hommes-femmes. Si une société doit fonctionner, il faut que la moitié de l’humanité soit représentée à tous les niveaux. Pour cela, il faut prendre le pouvoir là où il est, à savoir en politique ou au sein des entreprises à des pôles de responsabilité (conseil d’administration par exemple). Je ne dis pas que l’ESS n’est pas important, au contraire, car soutenir cette économie, c’est aider ces femmes à s’organiser et surtout à être plus forte, mais il faut plus.
Vous avez été nommée récemment directrice de la Fondation l’Oréal qui a fait le pari, depuis plusieurs années, de promouvoir la place des femmes dans le milieu scientifique avec notamment son programme « For Women in Science »…
Vous savez, on entend souvent que les droits des femmes sont acquis, mais quand on creuse un peu, on se rend très vite compte qu’on doit toujours lutter. Le domaine scientifique ne fait pas exception. Regardez le nombre de prix Nobel. Seuls 3% des Nobel ont été décernés à des femmes. Un sondage que nous avons réalisé il y a quelque temps montre également que pour le grand public, ce domaine reste réservé aux hommes. Le combat des femmes dans la recherche est donc toujours d’actualité. Le programme « For Women in Science » encourage les chercheuses et les récompensent notamment avec la bourse de l’Unesco L’Oréal Maghreb – elle existe depuis 11 ans au Maroc avant d’étre élargie il y a 4 ans à la région du Maghreb. Quand on est une entreprise internationale comme l’Oréal, on se doit d’avoir un impact positif là où on opère, on vise à s’inscrire dans la société et donc à aider l’émergence des femmes que ce soit dans le domaine scientifique, environnement ou sociétal. C’est de notre responsabilité.