Khadija Ryadi : “La société juge encore plus durement l’homme que la femme” (9/9)

Modifier des lois “caduques” pénalisant l’intimité individuelle et qui sont en déphasage avec l’évolution de la société marocaine semble à l’heure actuelle aussi nécessaire qu’indispensable. Le point de vue de Khadija Ryadi, militante pour les libertés individuelles, ancienne présidente de l’association marocaine des droits humains (AMDH) et lauréate du Prix des Nations Unies pour les droits de l’Homme.

“Les libertés individuelles sont tout acte que peut exercer une personne sans nuire à autrui (l’ordre public, santé publique, etc. ), mais généralement, lorsqu’on parle de libertés individuelles, on les limite aux droits exercés dans la vie privée et intime, droit à l’identité sexuelle et à la liberté de culte dont la question du jeûne ou de déjeuner en public lors du Ramadan ou encore le droit de disposer de son corps alors que ces libertés dites individuelles englobent aussi les libertés politiques qui sont exercées individuellement, tel le droit de vote ou la liberté d’expression et d’opinion. Mais je vais me limiter au contenu disons plutôt restreint de ces libertés, à savoir celles exercées dans la vie privée et intime des personnes. À ce niveau, quelles sont les avancées notables sur ce vaste et crucial thème ? Elles sont timides par rapport aux attentes et luttes entrepris. Déjà, lorsque j’étais présidente de l’AMDH, nous étions la première association marocaine à revendiquer l’abrogation des articles 489 et 490, criminalisant respectivement l’homosexualité et les relations sexuelles hors mariage. Notre appel remonte à 2008 pour le premier et 2010 pour le second texte de loi. Depuis, à part ce qui est mis dans la loi 103-13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, aucune avancée n’est réalisée, pire encore, actuellement ce sont les autorités qui violent d’une façon préméditée les libertés individuelles…

La lutte pour les libertés individuelles n’est pas seulement une lutte contre des mentalités qui n’acceptent pas ces libertés, mais c’est plutôt une lutte contre un État despotique. Intéressons-nous aux mentalités. Elles refusent encore que les libertés individuelles soient intégrées dans les lois en vigueur, mais, n’oublions pas que les mentalités sont aussi le résultat de politiques publiques qui les construisent et les façonnent. Aussi, l’ampleur est plus grande quand il s’agit des mentalités au sein de la Justice, telle qu’on le voit dans la récente affaire de Hanaa. Cette jeune femme de Tétouan condamnée à une peine de prison ferme pour être apparue dans une vidéo à caractère sexuel datant de 2015. Alors que la justice et l’État ont le devoir de la protéger, ils l’ont punie. Quant à l’auteur de la vidéo, il n’a pas été arrêté… Et allons plus loin dans ce constat, qu’a fait société ? Elle juge, elle aussi, encore plus durement cette femme que cet homme. Voilà où nous en sommes aujourd’hui. On parle de règlements de compte et de chantages inqualifiables et inquiétants… À mon sens, pour enfin faire avancer les libertés individuelles et ainsi convaincre, nous devons intégrer ce combat dans la lutte pour un État de droit où les institutions et la Justice ne sont pas instrumentalisés, mais aussi dans la lutte pour la promotion des droits socio-économiques et du développement du pays. Les droits et libertés sont indivisibles. Les libertés individuelles ne peuvent être respectés que par un État de droit ou les pouvoirs sont séparés et la Justice indépendante. Ne faisons pas l’erreur commise par les mouvements de lutte pour les libertés individuelles qui se soucient peu de la répression politique alors qu’elle est le corollaire de la violation des libertés individuelles. Arrêtons d’intégrer tout dans des cases et de diviser les luttes, alors que tout est lié. Là, est la solution.” υ

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