Carte blanche : L’esprit du Ramadan par Dr Rita El Khayat

“Le rythme de Ramadan, par sa répétition, menait à un état de sérénité et de recueillement.”

Rappelons la signification de ce mois, le plus important de l’année pour tout bon musulman. Le Ramadan est le neuvième mois du calendrier hégirien et c’est le seul mois dont le nom figure dans le Coran ; il est le mois saint par excellence car il constitue le mois du jeûne et celui de Laylat al-Qadr. Le jeûne du mois de Ramadan est l’un des cinq piliers de l’Islam, qui réaffirme et consolide la foi en Dieu et c’est le mois de la charité et aussi le mois au cours duquel de nombreux autres événements importants de l’histoire de l’Islam sont commémorés.

Avec le jeûne du mois de Ramadan, nous découvrons que tous nos actes sont sacrés.

Nous prenons conscience de la grandeur de notre Créateur.

Manger, boire, aimer, en louant le Créateur : l’acte ordinaire de tous les jours prend un autre sens plus profond. Ce sens élève l’âme durant ce mois en ôtant les chaînes du désir corporel. C’est donc l’élévation qui caractérise cette période.
Or, aujourd’hui, le Ramadan a pris une tout autre signification et se déroule d’une tout autre façon. Le consumérisme a ruiné les valeurs de cette période si importante pour l’individu qui se recentrait sur ses croyances, leurs significations, dans l’âme de notre contexte religieux et familial ; ce n’était pas un fait social mais authentiquement familial, chaque famille vivant le jeûne et sa rupture dans une reconduite de moments simples et profonds. Il n’est plus celui de nos parents et grands-parents. Il n’y a pas si longtemps, le Ramadan se déroulait dans un grand calme et une grande retenue, étant avant tout vécu en famille et reconduit tous les jours de la même façon harmonieuse et tranquille.
Les tables ne regorgeaient pas de mets de toutes sortes, aujourd’hui aberrants, dans les restaurants où l’on vend le ftour, avec huîtres, pizzas, jus d’orange, pâtisseries, croissants, petits fours, etc. Je dis bien “on vend” le ftour dans les restaurants, pour moi c’est une aberration d’y rompre le jeûne.

La nourriture était préparée par la maîtresse de maison, elle était traditionnelle et délicieuse, la Hrira embaumait dans les fins d’après-midi et répandait ses odeurs de coriandre et d’épices, le dîner était aussi bon qu’il était réduit à un plat et à des fruits ; les préparations sucrées pour le thé et le café étaient, évidemment, faites aussi à la maison ainsi que pour le shour.

Les prières se faisaient à la maison pour les femmes et à la mosquée pour les hommes. Le rythme du Ramadan, par sa répétition quotidienne, menait à un était de sérénité et de recueillement. On ressentait vraiment une détente et un état de profond contentement.

Aujourd’hui, on prépare les vêtements pour aller rompre le jeûne de maison en maison, dans le fameux Darate, on sert sept soupes, on étale la nourriture jusqu’à l’indécence, le commerce de bouche devient florissant en quasi-industrie alimentaire, beaucoup dorment toute la journée car ils ont veillé jusqu’à l’aube, (où est alors le sens du jeûne ?)… et les prières à la mosquée sont-elles plus sincères que chez soi ?

Revenons aux vrais sens de ce mois sacré, piété et valeurs familiales, recueillement et introspection, prières et foi. Le Ramadan sera alors rempli de son vrai message de purification et de solidarité. 

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